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Commentary

Faire durer le « Made in Africa »

ABIDJAN, CÔTE D’IVOIRE – Si jamais vous achetez un blue jeans dans un centre commercial aux États-Unis, jetez donc un coup d’œil sur l’étiquette. S’il a été fabriqué, par exemple au Lesotho (une petite enclave montagneuse entourée par l’Afrique du Sud, qui compte une population d’environ 2 millions d’habitants), vous le devez probablement à l’AfricanGrowth and OpportunityAct (AGOA).

L’AGOA, mis en place en 2000, permet à plus de 6 400 produits de pays admissibles d’Afrique subsaharienne d’entrer sur le marché des États-Unis en franchise de droits. D’après la Stratégie nationale de l’AGOA du Lesotho, les exportations annuelles d’articles du secteur du vêtement du pays vers les États-Unis ont augmenté d’environ 129 millions de dollars en 2001 à 330 millions de dollars en 2015, ce qui représente 80 % de la demande externe totale pour les textiles et les vêtement du pays. Avec 44 000 employés, l’industrie du vêtement du Lesotho est maintenant le plus important employeur du secteur privé du pays.

L’AGOA a également soutenu d’autres exemples de réussite « Made in Africa ». Certaines personnes reprochent parfois à l’AGOA de favoriser les produits pétroliers, pourtant les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le Rapport de l’AGOA de 2016, publié par le Bureau du Représentant du commerce des États-Unis, les exportations de produits non pétroliers vers les États-Unis dans le cadre de l’AGOA ont presque triplé, en passant de 1,4 milliards de dollars en 2001 à 4,1 milliards de dollars en 2015. Les automobiles d’Afrique du Sud et les vêtements du Kenya, du Lesotho, de l’Ile Maurice et du Swaziland représentent les principales exportations.

On reproche également à l’AGOA d’exclure certains produits agricoles, pour lesquels les Africains ont un avantage comparatif. Les produits qui ne sont pas exclus font face à une réglementation complexe en matière de santé et de sécurité, ce qui entrave encore plus la capacité des Africains à exporter des produits agricoles vers les États-Unis. Mais certains pays africains audacieux et prêts pour l’exportation ont réussi à surmonter ces obstacles. La Namibie, par exemple, est récemment devenue le premier pays africain à gagner l’admissibilité d’exportation pour les produits de bœuf cru (non haché), vers les États-Unis.

Il ne fait aucun doute que l’AGOA a créé des opportunités importantes pour les pays impliqués. Mais cela ne va pas durer éternellement. Prolongé pour une autre décennie l’an dernier, il est censé rester en vigueur jusqu’en 2025. En d’autres termes, il ne reste que neuf ans à ces pays pour s’assurer que les secteurs qui se sont développés sous l’AGOA non seulement survivent et préservent les milliers d’emplois créés, mais continuent de croître.

Étant donné que l’Afrique représente à peine 1 % des 350 milliards de dollars sur le marché du textile et de l’habillement des États-Unis, il reste beaucoup de place pour l’expansion. Mais la concurrence sera féroce. Si les États-Unis ratifient finalement l’Accord de Partenariat Transpacifique, des pays comme le Vietnam pourraient éroder la part de l’Afrique sur le marché américain des textiles et de l’habillement.

La clé du succès pour les pays africains va consister à renforcer leur base de compétences et à construire des industries compétitives dans le secteur du textile et de l’habillement. Un pays qui pourrait émerger comme un acteur clé est l’Éthiopie, qui pour la première fois a été désigné comme une destination mondiale possible d’approvisionnement dans une enquête de McKinsey de 2015, par 40 Directeurs des achats mondiaux. Le défi pour l’Éthiopie ainsi que pour d’autres pays africains consiste à passer de son statut d’option d’approvisionnement, à celui de priorité d’affaires.

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Pour ce faire, les pays doivent tirer les leçons précieuses fournies par l’AGOA pour stimuler la croissance de leurs secteurs d’exportation et pour saisir des parts de marché non seulement aux États-Unis, mais également dans d’autres économies, notamment en Afrique. En fait, l’AGOA a contribué à renforcer le commerce intra-africain en permettant à des producteurs de différents pays de créer de nouvelles chaînes de valeurs transfrontalières profitables à tous. Le Botswana, par exemple, exporte à présent du cuir en Afrique du Sud, où il est transformé en garniture pour les voitures de luxe qui sont exportées vers les États-Unis.

La Banque africaine de développement a également un rôle à jouer, en particulier dans le développement des infrastructures. En faisant la promotion de l’intégration régionale, une infrastructure améliorée peut renforcer le commerce et soutenir le développement des compétences. Dans ce contexte, la stratégie Industrialiser l’Afrique de la Banque africaine de développement, qui insiste sur les chaînes de valeurs régionales, sera particulièrement utile, car elle reconnaît les opportunités que les industries d’un pays peuvent fournir aux économies des pays voisins.

Par ailleurs, la Banque africaine de développement doit continuer son travail pour aider à répondre à la demande de financement du commerce en Afrique, actuellement estimé à 120 milliards de dollars, en mettant l’accent sur la vocation exportatrice des petites et moyennes entreprises (PME). D’importants progrès ont déjà été réalisés. Le Programme de financement du commerce de la Banque africaine de développement, créé en février 2013, a soutenu jusqu’à présent plus de 85 banques nationales dans 27 pays africains, ce qui a catalysé environ 3,4 milliards de dollars dans le commerce de secteurs vitaux comme l’agriculture, l’industrie, le bâtiment et l’énergie. Plus de 60 % de ces transactions impliquent des PME.

Au Forum ministériel de l’AGOA du mois dernier, les ministres du commerce africain ont reconnu un besoin urgent de planification, en s’engageant à créer un comité consultatif pour déterminer les stratégies de relations commerciales et d’investissements entre les États-Unis et l’Afrique au-delà de 2025. C’est un bon début. Mais le temps nous est compté et les privilèges dont bénéficie l’Afrique grâce à l’AGOA vont bientôt disparaitre. Nous devons nous tenir prêts.

MoonoMupotola, directeur du département de commerce à la Banque africaine de développement et d’intégration régionale du NEPAD.

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