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Commentary

Les leçons de la débâcle de Trump face à l’Obamacare

WASHINGTON, DC – L’ordre du jour économique national du Président américain Donald Trump a subi un revers important la semaine dernière, lorsque les dirigeants républicains de la Chambre ont décidé de retirer son projet de loi rédigé à la hâte, qui visait à abroger et à remplacer la Loi sur les soins abordables (ACA, ou « Obamacare »). Compte tenu des efforts importants déployés par le Président sur cette question, l’échec de la majorité républicaine à produire un projet viable a été très embarrassant.


La question clé consiste à présent à savoir si Trump sera en mesure d’avancer sur d’autres points de l’ordre du jour économique des Républicains. Pour trois raisons, la prochaine tâche politique majeure de Trump, sur les impôts, sera très difficile à traiter.

Premièrement, l’activisme a de l’importance. Depuis le mois de novembre, de nombreux citoyens ont redécouvert que l’action politique de terrain aux États-Unis, notamment les manifestations bien orchestrées, les visites aux bureaux du Congrès, les discours sur le perron des hôtels de ville et les appels lancés aux membres du Congrès, faisaient vraiment la différence.

Les membres du Congrès écoutent, parce que leurs emplois en dépendent. L’ensemble de la Chambre des Représentants risque d’être réélue tous les deux ans, un mandat fixé par la Constitution des États-Unis afin de les forcer à prêter l’oreille aux intérêts de l’opinion publique. À défaut, ils risquent de faire face à de sérieux concurrents lors des primaires du parti et des campagnes de réélection.

De même, le Sénat se prononcera pour confirmer l’ultra-conservateur Neil Gorsuch à la Cour suprême américaine en fonction du nombre d’appels téléphoniques que recevront les sénateurs. Les sénateurs Démocrates et Républicains veulent sonder l’humeur des électeurs – et il n’y a pas de meilleure façon d’y parvenir que par l’entremise d’un appel téléphonique.

Je suis conseiller d’un groupe du MIT qui a créé un site web, http://fiftynifty.org, conçu pour faciliter l’utilisation des réseaux sociaux des Américains pour mobiliser les appels au Congrès. La réponse a été très positive : par exemple, j’ai fait deux appels moi-même au cours des dernières semaines, mais mon réseau en a réalisé plus de 160. Et FiftyNifty représente quant à lui plus de 1 200 appels d’une durée supérieure à 31 heures.

Le deuxième défi pour les Républicains, c’est que le moral politique change rapidement. Les Démocrates étaient battus et déprimés en novembre. Ils se sentent à présent unis et dotés d’un objectif, à juste titre. Jusqu’à récemment, stopper la proposition de soins de santé de Trump, qui devait supprimer la couverture d’assurance maladie d’environ 24 millions d’Américains au cours de la prochaine décennie, semblait être une tâche ardue. Mais les dissensions internes des Républicains ont clairement montré que les Démocrates, s’ils restaient unis, pouvaient sérieusement compromettre l’ordre du jour de Trump et récupérer des sièges à la Chambre des Représentants en novembre 2018.

Combien ? Depuis le 1er mars, il y a eu 237 Républicains et 193 Démocrates à la Chambre des Représentants (et cinq sièges vacants). Mais il y a 23 députés Républicains qui représentent des districts qui ont voté pour Hillary Clinton en novembre – et beaucoup d’entre eux ont l’air à présent vulnérables.

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Par exemple, Mimi Walters, la Représentante du 45ème District de Californie, semble perdre de plus en plus le contact avec ses électeurs. Dans des discussions en commission sur la proposition de Trump en matière de soins de santé, elle a fait cette remarque tristement célèbre, « Que les jeux commencent » avant de soutenir le projet de loi jusqu’à ce qu’il soit retiré. Pour voir monter la pression dans les mois qui viennent, vous pouvez suivre le fil Twitter de Dave Min, professeur de droit à l’Université de Californie, à Irvine. Le groupe Swing Left est un site web qui permet aux gens de trouver le bureau du district du Congrès le plus proche, en vue d’identifier les circonscriptions où les Démocrates doivent concentrer leurs efforts et leurs dons.

Le troisième grand enjeu pour Trump est structurel. Il a cédé aux caprices de l’extrême-droite en plaçant des fanatiques aux postes clés de la Maison Blanche, notamment Stephen K. Bannon comme stratège en chef, Betsy DeVos comme Secrétaire de l’éducation, Scott Pruitt comme administrateur de l’Agence de Protection de l’Environnement et Rick Perry au poste de Secrétaire de l’Énergie. Ces personnes et les membres de leurs cabinets utilisent des mesures prises par l’exécutif pour poursuivre un ordre du jour extrême, notamment par la suppression des mesures de protection de l’environnement, qui vont entraîner une plus forte pollution de l’air et de l’eau autour des États-Unis.

En même temps, Trump se rend compte que s’il adopte une loi préférée par le Freedom Caucus (un bloc composé des conservateurs les plus extrêmes de la Chambre des Représentants, dont les membres ont sabordé l’effort visant à abroger l’Obamacare), il va perdre le centre politique. Dans ce cas, les Républicains du Congrès vont subir d’importantes pertes à mi-mandat en 2018. Et en 2020 Trump devra faire face à la perspective d’une des plus humiliantes défaites jamais essuyées par un Président en exercice.

Sur la réforme fiscale, le Freedom Caucus (ainsi que le Président de la Chambre Paul Ryan), veulent essentiellement réduire les impôts pour les riches. Trump veut une réduction d’impôts plus étendue, mais cela risque d’augmenter le déficit de façon spectaculaire – ce que le Freedom Caucus va avoir du mal à avaler, en partie parce que cela risque d’exposer ses membres à des défis fondamentaux.

Trump pourrait en principe courtiser le soutien de certains Démocrates, par exemple en ajoutant quelques dépenses d’infrastructure. Mais pourquoi un Démocrate voudrait-il aider un Président qui nomme non seulement des gens comme Bannon, DeVos, Pruitt et Perry, mais donne en outre à ces secrétaires libre cours pour mettre en œuvre des politiques irresponsables et nuisibles sur le plan national comme à l’étranger ?

Lorsque Trump a été en mesure d’agir sans le Congrès, ses nominations et ses ordres exécutifs se sont situés au-delà de l’extrême. Sur la législation, cependant, l’extrémisme ne fonctionnera pas, en raison de la nécessité d’attirer suffisamment certains Républicains centristes pour que cette législation soit adoptée.

En attendant, les Démocrates doivent rendre cela aussi difficile que possible et se concentrer sur la reprise de la Chambre des Représentants l’année prochaine.

Simon Johnson, professeur à la MIT’s Sloan School of Management, co-auteur de White House Burning: The Founding Fathers, Our National Debt, and Why It Matters to You.

Par Simon Johnson

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