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Commentary

Short Cut: Philippe Aghion

Emmanuel Macron a beau être certain de devenir le prochain président français, il est encore loin de pouvoir appliquer à coup sûr son programme de transformation de la France, consistant à changer une économie statique, rigide et vacillante en une puissance inspirée du modèle scandinave, dans laquelle les acteurs populistes seraient à nouveau relégués en marge de la vie politique.


L’obstacle sur le chemin de Macron n’est autre que l’Assemblée nationale française, dont les députés seront élus au mois de juin. Si une coalition de partis opposés à son mouvement En Marche !venait à l’emporter et à désigner un Premier ministre, Macron se retrouverait confronté à cette situation que nous appelons en France la cohabitation. Il serait alors relégué à un rôle presque exclusivement honorifique, aux côtés d’un Premier ministre qui exercerait le plupart des pouvoirs exécutifs.

Pour éviter un tel scénario, le mouvement En Marche !deMacron va devoir passer du statut de force littéralement inexistante à celui de force dominante au parlement. Pour s’y assurer une majorité confortable, et ainsi pouvoir mettre en œuvre son programme, Macron devra rassembler les parlementaires d’autres partis, allant du centre-droit au centre-gauche, au sein d’une coalition autour du mouvement En Marche.

Il s’agirait pour une telle coalition de se concentrer sur un petit nombre de réformes majeures : réforme du marché du travail, réforme fiscale et réforme de l’éducation, que tous les acteurs concernés considèrent comme des priorités pour moderniser l’économie française. C’est pourquoi l’on a parlé d’une « majorité de projet ».

François Bayrou, centriste du Mouvement démocrate, soutient d’ores et déjà Macron. D’autres acteurs politiques, issus du centre-droit comme Jean-Louis Borloo ou encore du centre-gauche, patientent également en coulisses, à l’instar de l’ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls. Au sein du parti de centre-droit Les Républicains, le président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur Christian Estrosi, ainsi que Benoist Apparu et d’autres personnalités proches d’Alain Juppé, se disent intéressés par une participation au processus de réformes de Macron à l’issue des élections législatives.

Si Macron joue intelligemment ses cartes, s’il fait preuve de détermination, mais également s’il décèle et résiste à la tentation de se comporter en nouveau Napoléon, il peut espérer brillamment remplacer la vieille scission politique française gauche-droite par une opposition entre réformistes et conservateurs. S’il y parvient, et se retrouve ainsi en capacité d’appliquer son audacieux programme de réformes, Macron marquera l’histoire et incarnera un espoir pour les progressistes du monde entier. Traduit de l’anglais par Martin Morel Philippe Aghion est professeur d’économie à l’Université d’Harvard, au Collège de France, ainsi qu’à la London School of Economics.

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