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Wall Street et les prochaines élections présidentielles américaines

WASHINGTON, DC – Les élections présidentielles aux États-Unis n’auront lieu que dans deux ans, pourtant quelques candidats ont officiellement annoncé leur candidature. Mais les Démocrates et les Républicains travaillent d’arrache-pied pour deviner ce qui séduira les électeurs aux élections primaires de leur parti respectif. Ils réfléchissent également sur les thèmes qui vont bien fonctionner sur l’ensemble de l’électorat en novembre 2016.

Le contraste entre les partis est frappant à ce stade. Les candidats républicains potentiels aux élections présidentielles se disputent entre eux sur presque tout, de l’économie aux questions sociales. Il est difficile de savoir quelles idées et arguments finiront en tête. En revanche les Démocrates sont d’accord sur la plupart des questions, à une notable exception près : les réformes financières et le pouvoir de très grandes banques.

Le désaccord interne entre les Démocrates sur cette question est évident lorsque l’on compare les trois principales propositions pour traiter les inégalités de revenus présentées par le parti et par ses alliés ces dernières semaines. Il n’y a que de petites différences entre les propositions du Président Barack Obama (dans son Discours sur l’état de l’Union (State of the Union address) et sur le budget), celles formulées dans un rapport très médiatisé du Center for American Progress et les idées avancées par Chris Van Hollen, un membre influent du Congrès. (Par exemple, Van Hollen recommande une redistribution appliquée aux citoyens aux revenus les plus élevés pour compenser une réduction d’impôt plus importante pour les groupes à revenus intermédiaires).

Dans ce contexte d’unité de programme, la divergence d’opinions parmi les Démocrates concernant Wall Street (à la fois sur les spécificités des réformes financières Dodd-Frank pour 2010 mais également de manière plus large) occupe le devant de la scène.

À propos de Dodd-Frank, les Démocrates y compris Obama, sont apparemment de deux avis différents sur leur degré d’implication dans la défense de leurs propres réformes. En décembre, la Maison Blanche a accepté une proposition républicaine d’abroger une disposition de la Loi Dodd-Frank, censée avoir limité la prise de risque des plus grandes banques du pays (en fait le texte de la proposition a été rédigé par Citigroup).

Cependant plus récemment, Obama a menacé d’opposer son veto à toute autre tentative pour faire reculer la réforme financière. Et il propose à présent d’imposer une petite taxe sur le passif des banques les plus importantes, en espérant que cela « (les encouragera) à prendre des décisions plus compatibles avec les effets de leurs actions sur l’ensemble de l’économie, ce qui contribuerait à réduire les risques de faillites importantes susceptibles d’avoir des coûts économiques de portée générale. »

En revanche, le rapport du Center for American Progress consacre très peu de place à la réforme du secteur financier. Selon les auteurs, ces questions ne semblent pas être hautement prioritaires. Van Hollen éprouve bien quelques préoccupations et propose un impôt sur les transactions financières afin de réduire les activités spéculatives.

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Mais un sérieux défi à l’ensemble de ces points de vue vient d’apparaître, dans les propositions de la sénatrice Elizabeth Warren, une étoile montante du parti Démocrate, qui prend actuellement de plus en plus d’importance au niveau national. Selon son opinion, le gouvernement doit s’attaquer directement à l’influence énorme et à la structure dangereuse des plus grandes banques américaines.

Les adversaires de Warren ne manquent pas de suggérer que ses idées sont d’une certaine manière dissidente : elle recueille en effet l’adhésion de toutes les tendances politiques. Dans la dispute du mois dernier contre la tentative réussie de Citigroup de faire reculer la réforme Dodd-Frank, les alliés de Warren ont par exemple rassemblé le Bureau directeur de la majorité démocrate, la Communauté des Banquiers indépendants américains, le sénateur républicain David Vitter et Thomas Hoenig (un républicain nommé vice-président de la Federal Deposit Insurance Corporation).

Le message de Warren est simple : supprimer les subventions implicites qui prennent en charge les banques trop grosses pour faire faillite. Cette seule avancée serait un grand pas vers la réduction, sinon vers l’éradication du capitalisme clientéliste, ainsi que vers le renforcement de la concurrence du marché dans le secteur financier. C’est un message qui passe bien dans l’ensemble de la classe politique. En effet l’adhésion croissante en faveur des idées de Warren aide la Réserve fédérale et d’autres organismes de régulation responsables dans leurs efforts pour empêcher de grandes banques de prendre des niveaux de risques dangereux.

Les grandes banques de Wall Street ont une énorme influence à Washington, DC, en grande partie en raison de leurs contributions de campagne. Elles aident également (directement et indirectement) un secteur économique à forte influence, composé de personnes se présentant comme des commentateurs indépendants ou modérés, des rédacteurs en chef de la presse financière ou encore de ceux qui produisent « des recherches » sur mesure dans des think tanks.

Ces mégabanques font une tentative résolue d’abroger autant que possible la Loi Dodd-Frank et le siège du parti Républicain semble enclin à les aider. Ce n’est pas une question qui va mourir peu à peu.

Les Démocrates ont besoin d’y voir clair sur leur politique face à Wall Street. Dans le passé, ils ont tout simplement fait campagne pour recevoir des donations, en contrepartie d’entrées et de jeux d’influence. Il est maintenant évident que cela n’est pas conforme à la défense ce qui reste de la Loi Dodd-Frank.

Warren propose une autre approche plausible et modérée à la politique du secteur financier qui pourrait bien fonctionner aux élections primaires et attirer un fort soutien aux élections législatives. Les Démocrates vont-ils saisir cette occasion ?

Simon Johnson est professeur à la Sloan School of Management du MIT et co-auteur de White House Burning: The Founding Fathers, Our National Debt, And Why It Matters To You.

Copyright: Project Syndicate, 2015.
www.project-syndicate.org

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