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Commentary

L’héritage présidentiel du Liberia

DALLAS – Le mois dernier, les Libériens ont assisté à une chose remarquable : un transfert pacifique du pouvoir dans leur pays. Après 12 ans au pouvoir, Ellen Johnson Sirleaf a quitté ses fonctions de présidente et l’ancienne star du football George Weah a été investi de ses fonctions. C’était la première fois depuis 1944 qu’un dirigeant démocratiquement élu cédait volontairement sa place à un autre.


Certes une élection bien gérée ne fait pas une démocratie stable. Mais dans une région souvent liée aux coups d’état et aux régimes autoritaires, le progrès du Liberia mérite d’être mentionné, car il peut aider à jeter les bases d’un futur meilleur et plus démocratique. À l’heure où le gouvernement représentatif du Liberia entre dans une nouvelle phase de maturité, il est utile de réfléchir sur la façon dont le pays en est arrivé là.

En 2005, quand Sirleaf a été élue, le Liberia était désorganisé, après 25 ans de guerre civile et de dictature. Peu de gens ont prévu que Sirleaf, la première femme chef d’État de l’Afrique démocratiquement élue, réussirait à remettre son pays sur la bonne voie. Mais bien que son mandat n’ait pas été sans difficultés – la crise Ebola, la corruption endémique et les difficultés budgétaires – elle a réussi sur ce point.

Peut-être que l’essentiel de l’héritage de Sirleaf sera celui des droits étendus des femmes et des filles libériennes. Lélectorat féminin a mené Sirleaf à la victoire ; les Femmes de l’action de masse du Liberia du Mouvement pour la Paix, qui ont aidé à mettre fin à la deuxième guerre civile du Liberia en 2003, ont compté parmi ses appuis politiques les plus forts. Durant son mandat, Sirleaf a augmenté la participation des femmes dans tous les aspects de la société et a tenu à assurer de meilleurs droits et protections pour les femmes et les filles. Sirleaf, avec une autre Libérienne Leymah Gbowee et une Yéménite Tawakkol Karman, a reçu le prix Nobel de la Paix en 2011, en grande partie pour son travail dans ce domaine.

L’émancipation des femmes n’est qu’un exemple des avancées réalisées par Sirleaf. Elle a reconnu que la paix, une gouvernance forte et la croissance seraient les fondements de l’avenir de son pays. Elle s’est également faite le fer de lance des efforts pour assurer la justice sur la question des abus de droits de l’homme qui s’étaient produits durant les guerres civiles ; elle a relancé l’économie par un allégement de la dette ; elle a reconstruit les infrastructures détruites par la guerre ; elle a amélioré l’accès à l’eau potable et à l’hygiène et les institutions démocratiques du Liberia ont été renforcées, notamment en décrétant la première Loi sur la Liberté de l’information du pays. Il reste encore beaucoup à faire, mais il ne faut pas sous-estimer ces progrès.

Comme Sirleaf l’a fait remarquer dans son discours de remerciement au prix Nobel de la Paix, « reconstruire une nation presque détruite par la guerre et le pillage » a été sa première priorité politique. Bien que « nous ne disposions alors d’aucune feuille de route pour une transformation post-conflit, » poursuivit-elle, « nous avons su que nous ne pouvions pas laisser notre pays retomber dans ses travers du passé. » « La plus grande responsabilité » de son gouvernement fut donc « de maintenir la paix. »

Les qualités de dirigeante de Sirleaf ont servi de catalyseur à un Liberia plus stable, plus prospère et plus libre. Dans son rapport « Liberté dans le Monde » de 2017, la Chambre de la Liberté a conclu que le Liberia avait accompli des progrès significatifs dans le domaine des droits humains et politiques. L’engagement de Sirleaf à accomplir les idéaux démocratiques a été essentiel pour permettre ces avancées. Cela a permis à son pays de s’assurer un soutien démocratique plus étendu.

Par exemple, en octobre 2015, les États-Unis ont attribué au Liberia une subvention de 257 millions de dollars pour des initiatives d’énergie et d’infrastructure dans le cadre de la Millennium Challenge Corporation. Ce type d’aide est accordé uniquement aux pays qui montrent des améliorations dans leur gouvernement démocratique et leur développement économique.

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Le Liberia a encore de nombreux défis intimidants à relever. Les indicateurs de développement humain, tels que l’espérance de vie et le revenu par habitant, demeurent bien inférieurs à la moyenne régionale. Une économie lente et une inflation en hausse mettent également la stabilité économique à l’épreuve. Le nouveau président du Liberia devra se concentrer sur ces derniers problèmes et sur d’autres questions pour garantir la poursuite des avancées.

Tout d’abord, Weah doit continuer l’œuvre de Sirleaf en investissant sur les femmes et filles : après tout, l’amélioration de l’égalité des sexes est un catalyseur avéré pour augmenter la prospérité nationale. En outre, Weah et son gouvernement feraient bien d’adopter la déclaration du rapport de Sirleaf selon laquelle « la pauvreté, l’analphabétisme, la maladie et les inégalités n’ont pas leur place au XXIème siècle. » L’émancipation de tous les Libériens est la seule manière de maintenir le pays sur sa trajectoire positive.

Enfin, comme celui de Sirleaf, le gouvernement de Weah doit adopter le processus d’établissement de coalitions et d’engagement actif aux niveaux local, régional et mondial. La coopération sera essentielle pour renforcer des partenariats existants et pour ouvrir de nouvelles voies au développement.

Le Liberia a mis en place un système démocratique qui va soutenir la poursuite des progrès. Mais ce système ne peut pas être considéré comme acquis. Au contraire, Weah doit s’appuyer sur le bon travail de son prédécesseur pour le renforcer et le soutenir. En adoptant et en approfondissant la démocratie de leur pays, les Libériens et leur nouveau président peuvent s’assurer un meilleur futur.

Natalie Gonnella-Platts, directrice adjointe de l’Initiative des femmes au George W. Bush Institute. Lindsay Lloyd, directrice adjointe de l’Initiative de la liberté humaine au George W. Bush Institute.

Par Natalie Gonnella-Platts et Lindsay Lloyd

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